lunes, 18 de agosto de 2014

TSQ-IV FRENCH DUMAS EXTENDED VERSION

La Reine des Neiges
Prince et princesse

Translated and extended by
Alexandre Dumas, pêre

The story can be listened to, read aloud, here: http://www.litteratureaudio.org/Alexandre_Dumas_-_La_Reine_des_Neiges_chap4_Prince_et_princesse.mp3

La Reine des Neiges
4. PRINCE ET PRINCESSE

Dans le royaume où nous sommes à présent, demeure une princesse qui est incroyablement sage et savante. Mais il faut dire aussi qu’elle est abonnée à tous les journaux qui se publient dans le monde entier. Il est vrai qu’elle a tant d’esprit qu’elle les oublie aussitôt qu’elle les a lus. Elle monta sur le trône à l’âge de dix-huit ans, et quelque temps après on lui entendit chanter une chanson qui commençait par ces mots :
Il est temps de me marier.
 Mais la fin de la chanson n’était pas si facile à dire que le commencement, car la princesse ne voulait pas seulement un prince comme il y en a beaucoup, c’est-à-dire qui sache bien porter un bel uniforme, sourire à propos et être toujours de son avis.
 Non ; elle voulait un véritable prince, beau, brave, intelligent, qui pût encourager les arts pendant la paix, se mettre à la tête des armées en cas de guerre ; enfin, elle voulait un prince comme, en regardant sur tous les trônes de la terre, elle n’en voyait pas.
 Mais la princesse ne désespéra point de trouver ce qu’elle désirait, décidée qu’elle était à ne pas s’arrêter à la condition et de choisir, dans quelque rang qu’il fût, un époux digne d’elle.
Elle fit venir le directeur général de la presse, et les journaux parurent le lendemain entourés d’une guirlande de roses, et annonçant qu’un concours était ouvert pour obtenir la main de la princesse, et que tout jeune homme de bonne mine, âgé de vingt à vingt-cinq ans pouvait se présenter au château, causer avec la princesse, qui accorderait sa main à celui qui lui paraîtrait réunir le plus de qualités intellectuelles et morales.

Tout cela n’était guère probable, et on paraissait douter de la véracité du récit, lorsque:
– Je jure, que je ne dis que la vérité, ayant appris tous ces détails par quelqu'un qui habite le palais, et qui est ma fiancée. 
Du moment où elle était renseignée de si bonne source, il n’y avait plus à douter de ce qu’elle disait.
Les jeunes gens à marier accoururent de tous les côtés du royaume, c’était une foule à ne pas s’y reconnaître, une presse à ne pouvoir passer par les rues, et cependant rien ne réussit, ni le premier, ni le second jour. Tous parlaient bien et avec beaucoup d’éloquence tant qu’ils n’étaient qu’à la porte du château, mais une fois dans la cour, quand ils voyaient les gardes en uniforme d’argent, qu’après avoir monté les escaliers ils voyaient les laquais en livrée d’or, qu’après avoir traversé les grandes salles illuminées, ils se voyaient droit devant le trône de la princesse, oh ! alors, ils avaient beau chercher, ils ne trouvaient autre chose à dire qu’à répéter le dernier mot de la phrase qu’elle avait prononcée, de sorte que la princesse n’avait pas besoin d’en entendre davantage, et savait du premier coup à quoi s’en tenir sur eux. On eût dit que tous ces gens-là avaient pris un narcotique qui endormait leur esprit, et qu’ils ne retrouvaient la parole qu’une fois hors du palais. Il est vrai qu’une fois là, elle leur revenait surabondamment, tous parlaient à la fois, se répondant les uns aux autres ce qu’ils eussent dû répondre à la princesse, si bien que c’était un caquetage à ne pas s’entendre. Il y avait là toute une rangée de bourgeois imbéciles qui attendaient leur sortie, et qui riaient de leur désappointement.
C’était le troisième jour, voilà qu’il vint un petit bonhomme sans voiture, sans cheval, tout joyeux, il marcha droit au château, ses yeux brillaient, il avait de beaux cheveux longs, mais d’ailleurs de pauvres habits.
 Il avait un petit havresac sur le dos.


C’est possible, peut-être était-ce son traîneau et non un havresac qu’il avait sur le dos, on n'y a pas regardé de si près. Mais voilà: quand il passa la grande porte du château et qu’il vit les gardes tout en argent, quand il eut monté les escaliers et qu’il vit les laquais tout en or, il ne parut pas le moins du monde intimidé, il fit un petit signe amical et dit :
« – C’est trop ennuyeux de rester sur l’escalier à attendre, moi, j’entre.
« Il entra dans les salles illuminées, et là où les conseillers de la princesse, tout vêtus d’habits brodés, allaient pieds nus pour ne pas faire de bruit, il alla avec ses souliers qui criaient tout haut, mais cela ne le démonta pas le moins du monde.
Oui vraiment ils criaient, mais lui, sans s’en inquiéter, alla courageusement tout droit à la princesse, qui était assise sur une perle grosse comme la roue d’un rouet, et toutes les dames de la cour avec leurs dames d’atours, et les dames d’atours de leurs dames d’atours, et tous les seigneurs avec leurs serviteurs, et les serviteurs de leurs serviteurs qui, à leur tour, avaient tous un petit laquais, étaient rangés dans la salle, et plus près ils étaient de la porte, plus ils avaient l’air fiers.

Cela devait être bien imposant, et cependant, il n’a pas été un seul instant déconcerté?
Pas un instant. Il se mit à parler dans la langue du pays, presque aussi bien que je le fais moi-même quand je parle....
À la grille du parc ; les deux battants en étaient tenus par une chaîne; mais la chaîne était un peu lâche ...

... elle passa entre les barreaux.
Une fois dans le parc, elles prirent la grande allée, où les feuilles commençaient à craquer sous les pieds. Arrivées au bout de l’allée elles se cachèrent dans un massif et attendirent que les lumières du château s’éteignissent les unes après les autres, jusqu'à une petite porte toute cachée dans des lierres.
Tenez, ne voyez-vous point passer des ombres sur la muraille ? Voici des chevaux montés par des écuyers et des pages, voici des piqueurs, des seigneurs et des dames à cheval ; et de l’autre côté, voyez comme c’est triste : voici une belle jeune fille vêtue tout de blanc, couronnée de roses blanches, couchée dans une bière, et autour d’elle des gens qui pleurent.
– Ce sont les rêves qui viennent prendre les pensées des hôtes endormis du château, et qui les emportent vers les plaisirs ou la douleur. Cela nous prouve que le sommeil est déjà entré, attendu que les rêves ne viennent qu’après lui.
Elles arrivèrent ainsi dans la première salle. Elle était tendue de satin rose avec des bouquets d’or et d’argent. Les salles, au fur et à mesure qu’elles approchaient, étaient de plus en plus magnifiques. C’était d’une richesse à éblouir les yeux. Enfin elles entrèrent dans la chambre à coucher. Le dais du lit était figuré par un palmier au feuillage d’émeraudes. À sa tige étaient suspendus deux lits ayant chacun la forme d’un lis, l’un était blanc, et c’était celui de la princesse, l’autre était rouge, et c’était celui du prince, une tête couverte de cheveux noirs bouclés... On y arrivait par l'estrade couverte de riches tapis.

Le prince se réveilla et tourna la tête du côté...
Mais au même instant, du milieu du lis blanc, la princesse leva la tête et demanda ce que c’était.
– Pauvre petite, dirent le prince et la princesse, et ils louèrent les deux corneilles de ce qu’elles avaient fait, disant qu’ils n’étaient point du tout fâchés, puisque cela leur valait la connaissance d’une si gentille petite. Mais cependant elles ne devaient pas recommencer dorénavant de peur de ne pas si bien réussir. 

Du reste on les récompenserait.

– Voulez-vous votre liberté, demanda la princesse aux deux ...,  ou bien préférez-vous la place de conseillers de la couronne, avec toute la desserte du palais pour appointements ? 

Les deux corneilles s’inclinèrent en signe de remerciement, priant le prince et la princesse de leur accorder une position fixe, ...

Il fut donc convenu qu’à partir du lendemain les deux corneilles entreraient au Conseil d’État.
En attendant, comme on ne savait où la coucher et comme le prince voulait lui céder son lit, la princesse lui fit une place à côté d’elle, lui souhaita une bonne nuit et l’embrassa.
Elle ne pouvait faire davantage.
– Oh ! que les hommes ... sont bons dans le vaste monde !
Le jour suivant, la princesse l’habilla de la tête aux pieds de velours et de soie, elle voulut lui mettre aux pieds de charmantes petites pantoufles de drap d’or avec des fleurs cerise.
La princesse voulait la nommer demoiselle d’honneur et lui donner une belle chambre à coucher au château.
Comme elle voulait partir sans retard, la princesse donna des ordres, et l’on vit s’arrêter à la porte un petit carrosse doré attelé de deux chevaux, avec un postillon à la Daumont. Les armes du prince et de la princesse brillaient sur les panneaux comme deux étoiles. Le prince et la princesse la mirent eux-mêmes en voiture, lui souhaitant toute sorte de bonheur. 
L’intérieur du carrosse était bourré de sucreries et dans la caisse du siège il y avait des fruits et des croquignoles.
– Adieu, et bon voyage, crièrent le prince et la princesse en essuyant chacun une larme.

Ils firent ainsi les premiers milles, 
... le carrosse qui brillait aux rayons du soleil.


5. LA PETITE FILLE DES VOLEURS

Lorsque la nuit vint, on se trouva à l’entrée d’un bois sombre, rendu plus sombre encore par l’obscurité. 
Le postillon descendit et alluma les lanternes, de sorte que la lumière se refléta sur le carrosse doré. 
En le voyant briller ainsi, des voleurs qui étaient embusqués dans le bois se dirent : 
– La chose n’est pas possible, c’est un carrosse d’or massif. 
Et ils se précipitèrent sur le carrosse, arrêtèrent les chevaux, tuèrent le postillon, ...
...
– Je ne veux pas qu’on la tue, dit la petite fille des voleurs, elle jouera avec moi, elle me donnera ses beaux habits et ses souliers rouges, et elle dormira dans mon lit avec moi.
...
– Je veux entrer dans la voiture, cria la petite fille. Et il fallut faire sa volonté, tant, en tous ses désirs, elle était opiniâtre. 
...
... et la petite fille des voleurs étaient donc assises dans la voiture qui roulait par-dessus les fossés et les racines d’arbres, en s’enfonçant dans la profondeur du bois.
...
Le carrosse s’arrêta. Les deux petites filles étaient arrivées au milieu de la cour du château des brigands. C’était un grand bâtiment tout crevassé du haut en bas ; des corbeaux et des corneilles s’envolaient par les fentes ; mais c’étaient des corbeaux et des corneilles sauvages, qui étaient loin de ressembler aux corneilles du prince et de la princesse ; ...
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7. ... DE CE QUI S'Y PASSA

... ils trouvèrent les premières fleurs, enfin ils aperçurent une grande forêt de hêtres et de marronniers.

De cette forêt sortit, sur un magnifique cheval que ... reconnut aussitôt pour un des deux chevaux qui avaient été attelés à son carrosse doré, une belle jeune fille coiffée d’un bonnet écarlate et portant deux pistolets à sa ceinture.
C’était la fille des voleurs. 
...
La fière amazone s’était ennuyée de la vie qu’elle menait au château de la forêt. Elle avait pris une grosse somme en or au château des voleurs, en avait bourré ses poches, avait tiré un des deux chevaux donnés par la princesse ... ,  avait sauté sur son dos et était partie.
...
Elle lui frappa doucement sur la joue, et s’informa du prince et de la princesse.
– Ils voyagent à l’étranger, répondit la fille des voleurs.


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