domingo, 5 de febrero de 2017

NAPOLEON AT LÜTZEN?

Malgré notre tenue sévère, voilà que tout est contre nous ; mais l’armée fait encore des prodiges de valeur. Pour lors se donnent des batailles de montagnes, peuples contre peuples, à Dresde, Lützen, Bautzen… Souvenez-vous de ça, vous autres, parce que c’est là que le Français a été si particulièrement héroïque, que dans ce temps-là, un bon grenadier ne durait pas plus de six mois. Nous triomphons toujours ; mais sur les derrières, ne voilà-t-il pas les Anglais qui font révolter les peuples en leur disant des bêtises. Enfin on se fait jour à travers ces meutes de nations. Partout où l’empereur paraît, nous débouchons, parce que, sur terre comme sur mer, là où il disait : " Je veux passer ! " nous passions. Fin finale, nous sommes en France, et il y a plus d’un pauvre fantassin à qui, malgré la dureté du temps, l’air du pays a remis l’âme dans un état satisfaisant. Moi, je puis dire, en mon particulier, que ça m’a rafraîchi la vie. Mais à cette heure il s’agit de défendre la France, la patrie, la belle France enfin, contre toute l’Europe qui nous en voulait d’avoir voulu faire la loi aux Russes, en les poussant dans leurs limites pour qu’ils ne nous mangeassent pas, comme c’est l’habitude du Nord, qui est friand du Midi, chose que j’ai entendu dire à plusieurs généraux. Alors l’empereur voit son propre beau-père, ses amis qu’il avait assis rois, et les canailles auxquelles il avait rendu leurs trônes, tous contre lui. Enfin, même des Français et des alliés qui se tournaient, par ordre supérieur, contre nous, dans nos rangs, comme à la bataille de Leipsick. N’est-ce pas des horreurs dont seraient peu capables de simples soldats ? Ca manquait à sa parole trois fois par jour, et ça se disait des princes ! 

"Well, spite of our stern bearing, here's everything going against us; and yet the army did prodigies of valour. Then came battles on the mountains, nations against nations—Dresden, Lützen, Bautzen. Remember these days, all of you, for 'twas then that Frenchmen were so particularly heroic that a good grenadier only lasted six months. We triumphed always; yet there were those English, in our rear, rousing revolts against us with their lies! No matter, we cut our way home through the whole pack of the nations. Wherever the Emperor showed himself we followed him; for if, by sea or land, he gave us the word 'Go!' we went. At last, we were in France; and many a poor foot-soldier felt the air of his own country restore his soul to satisfaction, spite of the wintry weather. I can say for myself that it refreshed my life. Well, next, our business was to defend France, our country, our beautiful France, against, all Europe, which resented our having laid down the law to the Russians, and pushed them back into their dens so that they couldn't eat us up alive, as northern nations, who are dainty and like southern flesh, have a habit of doing—at least, so I've heard some generals say. Then the Emperor saw his own father-in-law, his friends whom he had made kings, and the scoundrels to whom he had given back their thrones, all against him. Even Frenchmen, and allies in our own ranks, turned against us under secret orders, as at the battle of Leipsic. Would common soldiers have been capable of such wickedness? Three times a day men were false to their word—and they called themselves princes!


In the earlier folk-stories one finds a childlike simplicity and readiness to believe in the marvellous; and these qualities are found also in the French peasant's version of the career of Napoleon.

[Goguelet, an old soldier who fought under Napoleon, tells the story of his wonderful General and Emperor to a group of eager listeners in the country doctor's barn.]
From "The Country Doctor/Le médecin de campagne"
    by Honoré de Balzac. Translated
    by Katharine Prescott Wormeley.





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